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Tanin

De acadpharm
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Dernière modification de cette page le 02 octobre 2018


Pharmacognosie



Anglais : tannin
Espagnol : tanino
Étymologie : celte tann chêne, gaulois tanno- chêne vert, vieux français tan écorce broyée de chêne
n. m. Vaste ensemble hétérogène de substances naturelles polyphénoliques d’origine végétale historiquement exploitées pour le tannage des peaux de bêtes (transformation de la peau en cuir imperméable et imputrescible). Cette transformation résulte de l’établissement de liaisons entre le collagène, la principale protéine constitutive de la peau, et les tanins présents dans les végétaux. Les tanins sont des substances de masse moléculaire comprise entre environ 500 et 3000 Da, solubles dans l’eau et capables de précipiter alcaloïdes et protéines. Leurs structures sont le plus souvent très complexes et sont rattachées classiquement à deux groupes :
1. les tanins hydrolysables définis comme des oligo- ou des polyesters entre un sucre (généralement le glucose) et un nombre variable de molécules d’un acide-phénol, (l’acide gallique dans le cas des tanins dits galliques et l’acide hexahydroxydiphénique et ses dérivés d’oxydation dans le cas des tanins dits ellagiques) ;
2. les tanins condensés, non hydrolysables, constitués d’unités flavan-3-ol (ces tanins dont les premiers termes correspondent aux oligomères proanthocyanidoliques se forment à partir d'unités de type flavan-3,4-diol très réactives). Le pouvoir de complexation des protéines par les tanins est à l’origine de leur astringence et de leurs principales propriétés pharmacologiques (antidiarrhéique, antiseptique, vasoconstrictrice) ainsi que de leur action inhibitrice de multiples systèmes enzymatiques. La présence de nombreuses fonctions phénol explique leur activité antioxydante et de piégeage de radicaux libres. Dans le cas des tanins condensés, un effet de protection capillaro-veineuse (propriétés autrefois désignées par « vitaminiques P ») est classiquement revendiqué.

Les emplois des très nombreuses plantes à tanins se situent principalement en phytothérapie, en cosmétologie et dans le domaine des compléments alimentaires ; ils sont précisés dans les monographies des plantes concernées.
Historiquement utilisées en pharmacie pour des propriétés astringentes, antidiarrhéiques, veinotoniques, les plantes à tanins (par exemple hamamélis, ratanhia, salicaire ) sont aujourd'hui tombées en une relative désuétude. Toutefois, actuellement, nombreuses propriétés et utilisations revendiquées pour les plantes et fruits (par exemple grenade) contenant des tanins ellagiques ; ceux-ci, peu absorbés, sont hydrolysés dans le tractus digestif en acide ellagique qui, sous l’effet du microbiote colique, est métabolisé avec formation de dibenzopyranones phénoliques, les urolithines (principalement urolithine A) probablement responsables des propriétés décrites pour les tanins eux-mêmes.
Emplois industriels, dans divers domaines, de tanins extraits à partir de sources végétales variées (châtaigniers, chênes, myrobalans, quebracho, diverses
Anacardiaceae…).
Le tanin officinal, autrefois appelé « tanin à l'éther », est décrit par la pharmacopée européenne (monographie 01/2008, 1477), sous le titre, « acide tannique » comme étant un mélange d'esters du glucose avec de l'acide gallique et de l'acide 3-galloylgallique ; il figure dans la liste des aromatisants autorisés en alimentation animale par l'Union européenne.

Historique : Le terme « tanin » semble avoir été introduit à la fin du XVIIIe siècle par le chimiste français Armand Séguin (1767-1835) qui a d’abord utilisé ce mot pour désigner la substance organique, présente dans les extraits aqueux de plantes, qui est responsable de la transformation de la peau animale en cuir. Le terme « tannage » lui-même a d’abord été réservé à la production de cuir au moyen de tanins végétaux ; mais au cours du XIXe siècle, avec le développement d’autres procédés, il a été généralisé à tous les différents procédés (tanins minéraux, sels de chrome III) pour l’élaboration industrielle des cuirs.