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Cannabis

De acadpharm
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Dernière modification de cette page le 08 novembre 2019


Pharmacognosie



Synonyme(s) : chanvre ou chanvre indien
Anglais : cannabis ou hemp
Espagnol : cannabis ou cañamo
Étymologie : grec κάνναϐις kánnabis chanvre, vêtement en toile de chanvre, latin cannăbis chanvre
n. m. Grande herbacée dioïque (Cannabis sativa L., appartenant au genre monospécifique Cannabis, Cannabaceae) à tige cannelée dressée et feuilles palmatiséquées (5 à 7 lobes à bords dentés) bien reconnaissables ; fleurs femelles en cymes compactes mêlées de bractées foliacées ; fruit ovoïde lisse et grisâtre (akène : chènevis). Très grande plasticité botanique et chimique de la plante selon son environnement (terrain, climat). Présence de nombreux cannabinoïdes, certains psychoactifs (Δ9-tétrahydrocannabinol = THC) et d'autres (en particulier cannabidiol = CBD) dénués des propriétés psychotropes indésirables du THC. Plusieurs types selon les teneurs respectives en THC et CBD.

Cannabis à résine

Anglais : Indian hemp ou hemp (resin type)
Espagnol : cañamo con resina ou cañamo indico
Étymologie : grec κάνναϐις kánnabis chanvre, vêtement en toile de chanvre, latin cannăbis chanvre, latin rēsīna résine
Cannabis avec sommités florifères produisant une résine (« résine de cannabis ») à forte teneur en THC (5-20%) et dépourvue de CBD. Nombreuses présentations utilisées à des fins récréatives et entraînant une toxicomanie ; dénominations variées selon les pays et le produit utilisé (Inde : bhang, sommités femelles et mâles ; ganjah, sommités femelles et résine ; chara, résine. Afghanistan, Arabie, Égypte : haschich, analogue au ganjah, éventuellement mêlé à des produits aromatiques ou psychotropes. Maroc : kif, sommités hachées conditionnées en paquets. Mexique et États-Unis : marijuana, sommités mêlées à du tabac. Consommation en France (importante bien qu’illicite) provenant majoritairement du Maroc (résine) et des Pays-Bas (« herbe », nederwiet), également part croissante de l’autoculture. Utilisation par les toxicomanes de différentes formes de cannabis à teneur en THC de plus en plus élevée : sommités florifères femelles (herbe, shit, tarpet, pétard, dans le jargon des utilisateurs), fréquemment fumées en association avec du tabac (joint) ; résine (haschich, hasch), consommée par inhalation de la fumée ; « huile » de cannabis, forme très concentrée en THC (50 %) obtenue par extraction du haschich par des solvants. Multiples effets pharmacologiques du cannabis après inhalation ou prise per os : le THC, très lipophile, rapidement absorbé, se lie aux récepteurs aux cannabinoïdes ; manifestations somatiques peu marquées ; effets psychiques aigus importants et très variables selon l’individu, la dose de THC, le contexte, caractérisés par des modifications de la perception sensorielle et temporelle associées à une sensation recherchée de bien-être euphorique et d’excitation intellectuelle.
Les risques aigus sont dominés par des symptômes anxieux (attaque de panique) et des hallucinations ; danger dans la conduite automobile et l’utilisation de machines. Intoxications pédiatriques potentiellement graves (troubles neurologiques, cardiaques, ventilatoires...) signalées chez de jeunes enfants à la suite d’une ingestion accidentelle de cannabis ; en France, depuis 2014 une augmentation très significative de ces cas d’intoxications pédiatriques a été observée, survenant le plus souvent dans le cadre familial et touchant notamment des enfants de moins de 2 ans, nécessitant une hospitalisation avec parfois la mise en jeu du pronostic vital.
Les risques chroniques liés au cannabis sont proportionnels à l’intensité de la consommation : troubles psychotiques, schizophrénie, syndrome « amotivationnel » surtout chez l’adolescent, diminution possible des défenses immunitaires, risques liés à l’inhalation de la fumée (cancer broncho-pulmonaire) ; dépendance psychologique associée à une dépendance physique faible. La consommation régulière par une population de plus en plus jeune constitue un véritable fléau social souvent associé à tort à une image et une culture de non-dangerosité ; effets à long terme incertains et sujets à controverses.

L’emploi du cannabis à des fins récréatives a été autorisé, sous certaines conditions, dans plusieurs États des États-Unis (le premier a été le Colorado en 2014), ainsi qu’en Uruguay (en mai 2016) et au Canada (en octobre 2018).
L’emploi du cannabis à des fins thérapeutiques a été légalisé dans un certain nombre de pays, dans des indications et selon des modalités variables selon les pays (notamment chez des malades cancéreux ou sidéens, comme anti-émétique, orexigène, analgésique,…) :
- THC (dronabinol, DCI) et analogue structural synthétique du THC (nabilone, DCI), emploi per os ; formes à fumer (inflorescences titrées en THC) ; intérêt thérapeutique discuté en raison du risque d’effets psychiques indésirables.
- Association dronabinol-cannabidiol (nabiximols, nom adopté aux États-Unis) en spray oral ; en France, AMM accordée en janvier 2014 dans le traitement de la spasticité liée à la sclérose en plaques, avec mise en place prévue d’un suivi en matière de pharmacovigilance et d’addictovigilance, non encore commercialisé en janvier 2019, mais disponible dans d’autres pays.
- Prescription possible de dronabinol ou de nabilone en France dans le cadre d’autorisations temporaires d’utilisation (ATU nominatives). Potentialités à l’étude de l’utilisation thérapeutique de dérivés non psycho-actifs.
En France, du fait de la législation actuelle, l’accès au cannabis à visée thérapeutique est difficile ; mais en septembre 2018, l’ANSM a mis en place un Comité scientifique spécialisé temporaire (CSST) dénommé « Évaluation de la pertinence et de la faisabilité de la mise à disposition du cannabis thérapeutique en France ». Ce CSST avait pour missions d’évaluer la pertinence de développer en France l’utilisation thérapeutique du cannabis pour certaines indications et de proposer, le cas échéant, les modalités de sa mise à disposition. En décembre 2018, l’ANSM a publié les premières conclusions de ce Comité ; il a estimé qu’il était pertinent d’autoriser l’usage du cannabis à visée thérapeutique dans certaines situations cliniques précisées par ces experts, ouvrant ainsi la voie à une probable évolution de la législation. Le Comité s'est réuni de nouveau au cours du 1er semestre 2019, proposant que l’usage du cannabis à visée thérapeutique fasse dans un premier temps l’objet d’une expérimentation et qu’en raison des risques pour la santé, la voie d’administration fumée soit exclue.
Tenant sa dernière réunion le 26 juin 2019, le Comité a alors rendu son avis définitif à l’ANSM. Le 28 juin, l’ANSM a rendu publiques les propositions du Comité sur le cadre d’une phase expérimentale dont l’objectif principal sera d’évaluer, en situation réelle, le circuit de prescription et de délivrance durant la phase d’expérimentation, ainsi que l’adhésion des professionnels de santé et des patients au dispositif proposé ; également, de recueillir les premières données françaises d’efficacité et de sécurité. Les éléments les plus importants du cadre de l’expérimentation visent à sécuriser au mieux la prescription et le suivi des patients ; les modalités proposées concernent :
- les médicaments mis à disposition,
- les conditions de prescription et de délivrance,
- les contre-indications et précautions d’emploi,
- le suivi des patients et l’évaluation des effets indésirables,
- le calendrier de mise en place et l’évaluation de la phase expérimentale,
- la mise en place d’actions de communication vers les professionnels de santé et le grand public.
Le 11 juillet 2019, l’ANSM a publié un communiqué informant qu’elle entérinait l’avis et les propositions du Comité d’experts. Elle s’est engagée à préparer, avec les différents services de l’État concernés, les modalités techniques de la mise en œuvre de l’expérimentation. Le 15 octobre 2019 a été créé par l’ANSM un CSST de 6 mois dénommé « Mise en œuvre de l’expérimentation du cannabis médical en France ». L’objectif de ce comité est de mettre en place les conditions pratiques de l’expérimentation prévue, concernant notamment les produits qui seront utilisés, les formations des professionnels de santé prescripteurs et dispensateurs, à mettre en œuvre les conditions du suivi des patients.



Cannabis à fibres

Synonyme(s) : chanvre
Anglais : hemp ou hemp (fiber type)
Espagnol : cañamo con fibras
Étymologie : grec κάνναϐις kánnabis chanvre, vêtement en toile de chanvre, latin cannăbis chanvre, latin fĭbra fibre des plantes, filaments
Cannabis ayant une teneur en THC nulle ou très faible (inférieure ou égale à 0,20%). Par souci de bien le distinguer du cannabis à visée « récréative » ou « thérapeutique », on le désigne habituellement par le terme « chanvre » et parfois, pour plus de précision, par « chanvre textile », ou « chanvre industriel », ou encore « chanvre agricole » . Le chanvre est l’une des plantes les plus anciennement domestiquées et utilisées par l’Homme, dès le néolithique.

Des clones sélectionnés sont cultivés en climat tempéré, notamment en France (culture réglementée), dans plusieurs régions (Champagne-Ardenne, Sarthe,…), essentiellement pour la production des fibres (partie périphérique des tiges), de la chènevotte (partie ligneuse des tiges) et du chènevis (graines). Après un fort déclin au XXe siècle, emplois en net essor dans des domaines variés, dépendant de la partie utilisée : fibres pour les industries textile, papetière, la fabrication de cordages, etc. ; chènevotte pour la construction, l’isolation phonique et thermique, la fabrication de matériaux composites, etc. ; chènevis, tel quel pour l’alimentation d’animaux de cage ; surtout pour, par pressage, l’obtention de l’huile de chanvre, riche en acides gras polyinsaturés, utilisée en alimentation humaine et animale, en cosmétique, dans l’industrie des peintures et des vernis (huile siccative), etc.
Cf cannabinoïde, tétrahydrocannabinol, cannabidiol.