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Ricin

De acadpharm
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Dernière modification de cette page le 07 avril 2022


Pharmacognosie



Anglais : castor oil plant ou castor
Espagnol : ricino ou higuera infernal (nom vernaculaire)
Étymologie : latin rĭcĭnus tique (acarien), ricin (plante) en raison de l’aspect de la graine ressemblant à certaines tiques
n. m. Herbacée ou arbuste (Ricinus communis L., Euphorbiaceae) probablement d’origine africaine, naturalisé dans de nombreuses régions du globe à climat tempéré ou subtropical ; feuilles palmatilobées et fruit (capsule tricoque hérissée le plus souvent de pointes) contenant des graines à tégument lisse et brillant, gris marbré de rouge, de noir ou de brun. Graine contenant une huile purgative drastique constituée presque exclusivement (environ 90 %) du triglycéride de l’acide ricinoléique (ricinoléine) ; présence également d’une glycoprotéine très toxique, la ricine, de substances allergisantes de nature protéique et d’une pyridone cyanée, la ricinine (peu toxique). Produite principalement en Inde, Chine et Mozambique, l’huile de ricin est un purgatif drastique par l’acide ricinoléique, libéré dans l’intestin grêle à partir de la ricinoléine. Toxicité des graines (ricine) provoquant par ingestion et mastication des troubles gastro-intestinaux potentiellement graves.

L'huile de ricin est inscrite à la Pharmacopée Européenne, monographies 04/2020, 1497 (hydrogénée), 07/2021, 2367 (raffinée) et 0051 (vierge) et 01/2008, 1083 (hydrogénée polyoxyéthylénée ; cette huile modifiée est également appelée hydroxystéarate de macrogolglycérol).

Autrefois utilisée comme laxatif ou purgatif, l’huile de ricin est à proscrire en thérapeutique en raison de son effet drastique irritant de l’intestin ; elle a été également utilisée pour déclencher l’accouchement quand le terme est atteint ; cette pratique très ancienne semble encore préconisée par des sages-femmes dans certains pays. Employé comme excipient pharmaceutique, l’huile de ricin constitue surtout une matière première industrielle importante. En pharmacie, emploi pour l’obtention d’huiles de ricin modifiées (par exemple l’huile de ricin polyoxyéthylénée, véhicule pour préparations injectables) ; à partir de l’acide ricinoléique issu de la saponification de la ricinoléine contenue dans l’huile de ricin, obtention d’un antifongique, l’acide undécylénique (traitement local des dermatophyties). Emplois industriels importants de l’huile et de l’acide undécylénique dans des secteurs très variés (textiles, lubrifiants, encres, industrie chimique…).
En cosmétologie, des dérivés de l’huile de ricin sont très utilisés pour la formulation des produits cosmétiques soit comme plastifiants, soit comme facteurs de consistance, soit comme solubilisants, par exemple l’huile de ricin hydrogénée ou oxyéthylénée. L’huile de ricin, telle quelle, est présente dans les sticks jusqu’à 50 %.



Toxicologie



La pulpe de la graine de ricin est très toxique. Elle contient des lipides (40 - 60%) dont le constituant très majoritaire (environ 90%) est le triglycéride de l’acide ricinoléique, un acide gras en C18, monoinsaturé et hydroxylé. Elle renferme aussi des protéines (15 – 25%) dont la ricine qui est particulièrement toxique.
La ricine, étant insoluble dans les lipides, n'est pas présente dans l'huile de ricin, autrefois utilisée comme purgatif. Si elle est ingérée, elle est en grande partie détruite par les enzymes digestives protéolytiques, mais son absorption sublinguale peut augmenter la quantité absorbée.
En revanche, par voie injectable ou par inhalation, la ricine est mortelle à des doses minimes de quelques dizaines de microgrammes. La ricine est d’ailleurs classée comme « agent biologique toxique de catégorie B”
Par voie orale, en théorie, une seule graine de ricin pourrait être mortelle chez l'adulte car 1g de graine contient environ une dose de 1 mg de ricine pure.
Dans les faits, la gravité de l’intoxication par ingestion dépend de la mastication et du nombre de graines ingérées (les graines ont une saveur de noisette). Elle est rarement mortelle chez l'adulte, mais dès 3 à 5 graines, l'intoxication est grave chez l'enfant.
La ricine est une glycoprotéine de poids moléculaire 66 000 DA formée de 2 sous-unités A et B : la première (sous-unité B, une lectine) se fixe sur les sites galactosylés des membranes cellulaires afin de permettre à la seconde (sous-unité A, une enzyme) de pénétrer dans la cellule et d'interférer dans la synthèse des protéines, en inactivant la sous-unité 28 S des ribosomes des cellules eucaryotes. Cette double action aboutit à la dégénérescence des cellules hépatiques et rénales. En cas d'intoxication aiguë, les symptômes n'apparaissent pas immédiatement, mais de 2 à 24 h, voire 3 jours après la consommation. La graine provoque après ingestion des brûlures de la gorge, des vomissements, des douleurs abdominales avec spasmes, des diarrhées sanguinolentes, un ténesme, des sueurs froides, une cyanose et parfois des troubles nerveux (état de somnolence, spasmes) suivis d'un collapsus cardiovasculaire avec hypotension, atteintes rénales et troubles sanguins (agglutination des globules rouges). De rares cas de mort ont été observés chez les sujets développant une anurie.